La Rochette
Elle couvre une quarantaine d’hectares de terrains pollués par les métaux lourds (zinc, plomb, cadmium) provenant des activités de l'ancienne usine métallurgique de Prayon. La partie la plus intéressante du point de vue biologique est constituée de pelouses calaminaires où se sont installées une flore herbacée et une faune rare et en partie typique de ces milieux très spécifiques.
Il s'agit soit d'espaces :
- couverts par des dépôts de scories, sous-produits solides issus de la fusion, de l'affinage, du traitement ou de la mise en forme des métaux à haute température ;
- pollués par les fumées toxiques chargées de poussières métalliques.
Les pelouses calaminaires sont de rares et bien étranges milieux. Rares, car il n’en subsiste guère plus d’une centaine d’hectares en Wallonie. Étranges, par leur faculté à se développer sur un sol enrichi en métaux lourds, auquel la flore s’est remarquablement adaptée. Témoin de l’industrie métallurgique passée, la réserve est indéniablement l'un des « hotspots » calaminaires de Wallonie.
La réserve en détail
Un paysage forgé par l'industrie
La particularité du site trouve son origine dans l’intense activité métallurgique de la vallée de la Vesdre. Pendant cent cinquante ans, des fumées chargées de métaux lourds (zinc, cuivre et plomb) se sont déposées sur les collines voisines au gré des vents. Les lieux ont également servi de décharge pour les sous-produits de l’exploitation métallurgique. Les vastes surfaces ainsi polluées sont devenues inhospitalières à la plupart des formes de vie.
Flore de l’extrême
La production de zinc s’est arrêtée en 1974 et celle du cadmium en 1982 mais la toxicité du sol est restée extrêmement forte. Ceci a entraîné l’installation d’une flore très spécialisée. Certaines plantes sont d’ailleurs strictement dépendantes de ces milieux extrêmes : la délicate pensée calaminaire (Viola calaminaria) qui, avec l’Agrostide commune (Agrostis capillaris), domine dans les vastes pelouses ainsi que le gazon d’Olympe (Armeria maritima), le fétuque de Westphalie (Festuca ovina subsp. guestfalica), le silène calaminaire (Silene vulgaris subsp. vulgaris var. humilis), le tabouret calaminaire (Thlaspi caerulescens subsp. calaminare) ainsi que des lichens et des bryophytes tout aussi caractéristiques de cet habitat.
Repère de la plus grande population wallonne de petit nacré
La richesse biologique du site est spectaculaire de même que son intérêt paysager. Calcaires, grès et schistes affleurent localement, formant de grandes zones dénudées et des talus érodés. Çà et là, quelques arbres chétifs confèrent au site un aspect de savane. Des espèces peu communes sont présentes sur le site, comme le crapaud calamite (Bufo calamita), le grillon champêtre (Gryllus campestris) ou la coronelle lisse (Coronella austriaca). Ici, l’alouette lulu (Lullula arborea) a encore de beaux jours devant elle, de même que le petit nacré (Issoria lathonia), un papillon très rare dont la chenille se développe sur la pensée calaminaire (Viola calaminaria).